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Une étude inédite du Centre antipoison de Rabat : Les provinces de Tiznit, Essaouira,...
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Une étude inédite du Centre antipoison de Rabat : Les provinces de Tiznit, Essaouira,...
Une étude inédite du Centre antipoison de Rabat : Les provinces de Tiznit, Essaouira, Agadir Idaoutanane sont les plus touchées par les intoxications d’origine ophidienne |
Écrit par libe.ma |
Le Centre antipoison et de pharmacovigilance de Rabat (CAPM) vient de rendre publique une étude portant, pour la première fois, sur les envenimations causées par morsures de serpent. Autant dire une épidémiologie mettant en exergue la biogéographie, la fréquence et la gravité de ces incidents portant atteinte à la santé et parfois à la vie même des populations. L’étude a fait appel à des données statistiques s’étalant sur une période comprise entre 1980 et 2008. Cette exploration rétrospective a concerné ainsi tous les cas de morsures et envenimations de serpent (MES) signalés au CAPM durant cette longue période. Lesquels cas sont portés au nombre de 1761. Statistiquement parlant, ce chiffre représente 2,06% des intoxications enregistrées au niveau du centre. Soit une moyenne de 60 cas de MES annuellement. Avec une incidence de 0,2 pour 100.000 habitants chaque année. Le profil épidémiologique des MES, dégagé, selon l’étude, montre que l’âge moyen des victimes est de 17,5 ans. Et, les enfants dont l’âge est inférieur ou égal à 15 ans représentent 31% des cas. Les hommes sont plus touchés que les femmes avec un sex-ratio de 1,2, en faveur du sexe masculin. Les autres données recueillies indiquant l’heure exacte des surgissements des incidents de MES, montrent que les morsures de serpent surviennent souvent entre 10 h et midi et entre 17 et 19h. Quant aux saisons où ces accidents sont les plus abondants, elles sont, par excellence, l’été, suivi du printemps. Par ces temps, la mobilité de ces reptiles s’anime, étant généralement débusqués par la soif ou la recherche de proies. Pour ce qui est de la répartition géographique des morsures et envenimations de ces ophidiens « infligées » à la population, les analyses statistiques relèvent que 70% de celles-ci sont survenues en milieu rural, et les régions du sud sont les plus affectées par ce fléau. En effet, la province d’Essaouira suivie de celles d’Agadir Idaoutanane, Tiznit, sont les plus touchées, avec respectivement 326 (18,6%) et 276 (15,8% et 176 (10,1) des cas. Concernant les régions, celle de Souss-Massa-Darâa occupe la première place avec 375 cas soit 27,4% des cas déclarés. Viennent en second lieu, la région de Meknès –Tafilalt avec 170 cas, Guelmim-Smara, 124 cas, Marrakech-Tensift-Haouz, 71 cas. La région la moins touchée est celle de Laâyoune-Boujdour–Sakia El Hamra, avec, seulement 8 cas. 7,2% (76 patients) des personnes touchées par morsures de serpent sont décédées, parmis eux 13,18% d’enfants de moins de 15 ans sont morts. Il va sans dire que la région de Souss-Massa-Darâa détient le plus grand nombre de décès à cause des MES avec 60% de la mortalité globale enregistrée. Suivie de la région de Meknès-Tafilalt avec 10 décès, Guelmim-Smara 9 et Marrakech-Tensift 5. Pour ce qui est de la prise en charge des patients affectés par les MES, l’étude révèle que 32% d’entre eux ont subi à un traitement symptomatique, 29% ont été maintenus sous une surveillance médicale et 0,5% ont reçu un traitement thérapeutique spécifique. D’autre part, cette étude s’est penchée sur l’identification des genres de serpents sévissant dans les différentes régions affectées par ce fléau. Il en découle ainsi que huit espèces sont répertoriées. Il s’agit en premier lieu de Naja legionis, communément appelé, Cobra ou Naja, localisé dans la région de Laâyoune et celle d’Agadir jusqu’aux confins Sud des Atlas ; la vipère à cornes se trouvant dans les régions pré-désertiques du Sud de l’Atlas, à savoir: Goulimine, Tarfaya, Assa et le Sud ouest du pays ; la vipère dite heurtante que l’on trouve au Sud Ouest du Maroc, dans la vallée du Souss, dans l’Anti-Atlas, Taroudant et Tan Tan ; la vipère de l’erg dans les régions de Tarfaya, Laâyoune et Merzouga. Quant à la vipère dite de Mauritanie, elle se trouve dans les régions de l’Anti-Atlas, Tan Tan, au Moyen Atlas, les environs de Rabat, Marrakech, Drâa, Jerada, Goulmima, les environs d’Ouazzane et dans le Rif central. Alors que l’Echide carénée est répandue dans les régions de Guelmim, Figuig, Gueltat Zemmour et dans le Sahara marocain. Tandis que la vipère naine de l’Atlas et la vipère dite de lataste envahissent respectivement les Haut Atlas, Ksiba, Rif, Haut Atlas et Moyen Atlas. L’autre infomation, et non des moindres, rapportée par l’étude en question, est l’établissement des symptômes pathologiques caractéristiques à chaque espèce de serpent, et ce suivant le degré de dangerosité de l’envenimation. Ceci dans la mesure où l’identification, en cas d’attaque de serpent dont l’espèce est ignorée, devient facile. Ainsi concernant les morsures de l’espèce vipérine, le syndrome de la morsure grade Zéro, dite aussi blanche, on constate chez le patient une douleur modérée, des traces de crochets, mais il n’y a pas d’œdèmes, ni d’hémorragies, ni de troubles de l’hémostase. Pour celle de degré 1, ladouleur devient importante, mais l’œdème ne dépasse pas le coude ou le genou, pas d’hémorragies, et absence de signes généraux et l’apparition par contre de troubles mineurs de l’hémostase. Quant à la morsure degré 2, on constate un œdème dépassant le coude ou le genou, la présence de phlyctènes et de nécrose, le saignement modéré au niveau de la morsure, hématurie, gingivorragies, des symptômes généraux modérés (hypotension modérée, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées) et une coagulopathie. Dans le cas du degré 3, l’œdème dépasse la racine du membre, apparaissent une nécrose étendue, l’épistaxis, l’hémoptysie, le saignement digestif, des symptômes généraux modérés (hypotension prolongée, choc, réaction anaphylactique), atteintes viscérales et une coagulopathie. Pour ce qui est de l’espècecobraïque, laparesthésie du membre mordu est sentie, avec un ptosis bilatéral pathognomonique, atteinte des paires crâniennes (troubles de la déglutition et de la phonation, paralysie ascendante et arrêt respiratoire). Le traitement adopté au Maroc pour la neutralisation du venin ophidien repose sur la sérothérapie. Autrement dit, l’usage –par inoculation- du sérum immunisant sanguin (partie liquidienne du sang) contenant des antidotes adéquats. Il faut dire que cette étude ayant nécessité un travail de longue haleine permettra l’élaboration d’une véritable stratégie spécifique à la lutte contre les MES, dont la gravité ne cesse d’aller crescendo. Ceci, d’autant qu’elle a permis l’identification d’abord des espèces de serpents existantes au Maroc et les régions à haut risque ophidien, ce qui facilitera de mettre à leur disposition des sérums appropriés. Il faudrait généraliser, dans l’immédiat, la disponibilité de ces sérums. En plus de la formation du personnel adéquat pour une meilleure prise en charge médicale des intoxiqués. IDRISS OUCHAGOUR. Dr Chafik Fouad, médecin responsable de la mise en place d’une stratégie spécifique à la lutte contre les MES au CAPM de Rabat «Certains clichés persistent au sein de notre société. Ils sont à bannir» Libération: En matière de morsures et envenimations de serpents, quel conseil peut prodiguer le Centre antipoison poison et de pharmacovigilance (CAPM) de Rabat aux victimes intoxiquées? Dr Chafik Fouad: En effet, le CAPM de Rabat est habilité à rendre un service médical quand il est sollicité par les victimes ayant subi une intoxication, mais aussi les professionnels de la santé. Dans le cas des MEN, notre centre, plus précisément son département chargé de l’information toxicologique, via son service téléphonique (0801000180), joignable 24/24, 7/7, répond à toute demande, en cas d’urgence ou de conseil concernant le diagnostic, le pronostic et le traitement des cas d’envenimation par morsure de serpent. Formés en pharmacotoxicologie clinique, nos médecins peuvent accompagner ainsi la victime en lui assurant une information médicale sur les gestes préliminaires et les premiers soins de secours à faire en cas d’intoxication jusqu’à sa disparition. Le centre suggère son transfert vers une structure sanitaire au cas où sa situation ne s’améliore pas ou fait signe de symptômes dénotant l’existence d’une intoxication de grade avancée et donc, dangereuse. Quels sont les gestes à déconseiller en cas de morsure de serpent? Certaines fausses idées concernant le traitement des MES persistent au sein de notre société. Elles sont à bannir. Elles ne reposent sur aucune preuve thérapeutique avérée scientifiquement. Comme par exemple le recours au garrot de l’organe ou la partie du corps infectée, pour soi-disant arrêter la propagation du venin vers le cœur. C’est faux! Le garrottage peut causer des complications allant jusqu’à l’imputation de l’organe. Il est déconseillé, aussi, d’inciser ou de sucer la plaie causée par les crochets des ophidiens, de la brûler ou y appliquer des produits chimiques ou des plantes auxquelles sont accordées à tort des vertus de guérison. Les premiers soins doivent consister à tranquilliser la victime, la mettre dans une position allongée, assurant sa relaxation ; lui enlever bagues, bracelets, montres, chaussures … Bref, tout ce qui est de nature à obstruer et empêcher la circulation sanguine normale. Tout en tâchant de désinfecter la plaie. Quid de la stratégie adoptée par le CAPM pour la lutte contre les MES? En tant que responsable de la mise en place de cette stratégie, je peux vous confirmer que l’étude faite à ce propos ayant porté sur une période de trois décennies a donné ses fruits. Cela nous a permis d’élaborer une feuille de route efficiente pour l’élaboration d’une stratégie pertinente de lutte contre les MES. Les premiers éléments de cette dernière se déclinent en termes d’évaluation de l’ampleur et l’acuité de ce phénomène tant au niveau régional que national. Ensuite, par la sensibilisation des professionnels de la santé sur les zones à risque. A cela s’ajoute la formation du personnel médical opérant dans des zones touchées par les envenimations ophidiennes. Et ce, par l’organisation de journées de sensibilisation sur les MES, notamment dans les régions de Chtouka Aît Baha, Tiznit, Sidi Ifni, Ben Slimane. Ces formations ont porté sur l’importance de l’identification des espèces ophidiennes de la région et les premiers gestes de secours et la prise en charge médicale des MES. En terme de traitement, nous avons proposé la sérothérapie contre les morsures de serpent parmi la liste des antidotes essentiels au Maroc. Notamment, le Fav-Afrique®, anti-venin polyvalent qui est efficace contre les espèces de serpents les plus dangereuses localisées au pays. Mais aussi l’élaboration d’une fiche sur les toxidrômes rencontrés au Maroc. Reste à développer l’implantation d’un système d’information spécifique aux MES, afin de suivre l’évolution des différents indicateurs de morbidité et de létalité et évaluer l’impact des actions de prévention et de prise en charge entreprises par le CAPM. |
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