Attentat à Marrakech : 17 morts dont huit Français

Cette estimation donnée par une source gouvernementale française n'est pas un bilan officiel. Des sources médicales marocaines évoquent huit victimes françaises. Au total, le kamikaze présumé a tué 16 personnes.

Au moins six Français ont été tués dans l'attentat qui a dévasté un café de la place Jemaa el Fna de Marrakech. Ce bilan provisoire non-officiel a été révélé vendredi par une source gouvernementale française. Selon des sources médicales marocaines, les victimes françaises seraient au nombre de huit. Deux d'entre elles sont originaires de Marseille, selon les informations duFigaro.
«Nous sommes en phase de vérification», a indiqué vendredi matin le Quai d'Orsay qui s'est refusé à donner un chiffre officiel. Alain Juppé a précisé que «l'identification des victimes est difficile». «Nous voulons prendre la précaution de prévenir les familles avant de mettre cela sur la place publique», a ajouté le ministre des Affaires étrangères, en espérant pouvoir «préciser les choses dans la journée».
Au total, l'explosion a fait 17 morts en comptant le probable kamikaze. Le bilan s'est en effet alourdi dans la nuit de jeudi à vendredi avec la mort de deux personnes grièvement blessées. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères a confirmé jeudi soir a mort de l'un de ses ressortissants. Une source hospitalière a précisé qu'il y aurait également parmi les victimes deux Suisses, deux Russes et deux Tunisiens. Le ministre de l'Intérieur marocain n'a toutefois recensé que 11 étrangers parmi les 16 victimes. Il a également comptabilisé 23 blessés, dont 18 étrangers.

La menace terroriste paraissait au plus bas

Nicolas Sarkozy a condamné un «acte odieux, cruel et lâche». Il s'est entretenu au téléphone avec le roi du Maroc. De son côté, Alain Juppé, chef de la diplomatie française, a dénoncé «avec la plus grande fermeté cette attaque terroriste barbare que rien ne saurait justifier (...) Les responsables [doivent être] poursuivis, jugés et punis». Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Rabat, Madrid, puis Washington et le Conseil de sécurité de l'ONU et son secrétaire général, Ban Ki-moon, ont dénoncé chacun à leur tour cette attaque «terroriste» et «haineuse» dans le centre de cette cité historique et première destination des visiteurs étrangers au Maroc. Le principal mouvement islamiste marocain, Justice et bienfaisance, interdit mais toléré, a lui aussi condamné cet attentat «barbare».

La devanture du café Argana a été soufflée par l'explosion. Crédits photo : ABDELHAK SENNA/AFP

Le kamikaze aurait commandé un jus d'orange dans le café avant de se faire exploser quelques minutes plus tard, selon un témoin. Citant une source proche des services de sécurité, le site Lakome.com a également rapporté que l'explosion avait été déclenchée par un kamikaze. Selon cette source, ce dernier aurait été libéré de prison il y a deux mois après avoir été condamné à huit ans de réclusion pour viol.
Un autre homme affirme toutefois que l'auteur de l'attentat aurait déposé une valise dans le café avant de quitter les lieux. Cette dernière version infirmerait la thèse du kamikaze mise en avant par la préfecture de Marrakech. Le ministère marocain de l'Intérieur s'est d'ailleurs refusé à confirmer la théorie d'un kamikaze pour le moment.
Seule certitude, selon le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri : «il s'agit d'un acte terroriste, un acte criminel délibéré». «Le Maroc est confronté aux mêmes menaces qu'en mai 2003 et il y fera face avec la diligence et volontarisme». Les attentats de Casablanca menés par des extrémistes islamistes, le 16 mai 2003, avaient fait 45 morts, dont 12 kamikazes.

Une vidéo menaçante d'Aqmi diffusée la semaine dernière

Le roi Mohammed VI a ordonné une enquête rapide et transparente. Dans une vidéo diffusée sur Youtube la semaine dernière, des hommes se présentant comme des membres d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ont menacé de s'attaquer aux intérêts marocains pour protester contre la détention de militants islamistes. A ce stade de l'enquête, il est toutefois trop tôt pour établir un lien direct entre les deux événements et la piste de cellules salafistes réactivées n'est pas écartée. Interrogé sur RTL, le ministre français de l'Intérieur Henri Guaino a assuré que la France «n'avait pas de crainte particulière sur le Maroc» avant cet attentat.
Ce drame intervient alors que le roi met en oeuvre une réforme de la Constitution, répondant ainsi aux mouvements de protestation réclamant plus de libertés. De même, le souverain avait libéré de nombreux prisonniers politiques, dont des membres de cellules salafistes, quelques jours avant l'attentat. «Le milieu salafiste avait l'air plutôt satisfait de ces remises en liberté», note Thierry Oberlé, journaliste au Figaro actuellement au Maroc. Le porte-parole du gouvernement a d'ailleurs annoncé que le pays poursuivrait sa politique de réformes sans céder aux tentatives de déstabilisation.

Un kamikaze s'est fait exploser dans un café situé sur la très touristique place Jemaa el Fna, faisant au moins 14 morts dont deux Français, selon les informations du Figaro.

Un attentat provoqué par un kamikaze a dévasté jeudi midi un café situé sur la place Jemaa el Fna de Marrakech, haut-lieu touristique de la ville. L'explosion a fait quatorze tués dont deux Français, selon les informations duFigaro.

Une vingtaine de personnes ont été blessées. Les deux victimes françaises sont originaires de Marseille. Un Anglais aurait aussi été tué, ainsi que le kamikaze.
«C'est bien un attentat», a affirmé Khalid Naciri, porte-parole du gouvernement marocain, sur France 24. «Les conclusions auxquelles nous sommes parvenus me permettent de l'affirmer sans hésitation. Nous avons travaillé (...) sur l'hypothèse que ce serait éventuellement d'origine accidentelle. Or les résultats des premières enquêtes démontrent que nous sommes en face d'un acte criminel pur et dur».Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances du drame.

Des touristes étrangers parmi les victimes

Le bilan provisoire officiel des autorités est de 14 morts et de 20 blessés. Onze touristes étrangers font partie des victimes, selon une source médicale. «On ne peut pas pour l'instant déterminer avec précision les identités de toutes les victimes», a-t-elle précisé. «Nous attendons l'autorisation du Parquet pour procéder à l'identification des corps.»
Les autorités avaient d'abord évoqué des bonbonnes de gaz qui auraient pris feu. Mais cette hypothèse ne semble plus tenir, les bonbones étant situées au sous-sol, alors que l'explosion a endommagé le rez-de-chaussée et le premier étage du café Argana. Des photos de l'événement circulent sur Twitter. On peut y voir la devanture détruite du café.
«A 11h50, heure locale, on a entendu une explosion sourde, raconte Boris Thiolay, journaliste à L'Express, qui se trouvait place Jemaa el Fna. On a tous sursauté, puis vu un panache de fumée noire s'élever au dessus du restaurant et du souk.» «Immédiatement, les gens se sont pressés vers le bâtiment dont la structure est vraiment amochée, explique le reporter. Le rez-de-chaussée et la terrasse du premier étage ont été grandement endommagés par l'explosion».