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Ils ont écrit sur Essaouira...
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Page 1 sur 1
C’était hier… En souvenir de la vieille de Sidi Magdoul
Essaouira,la belle pudique, au manteau d’hermine, souffre du manque d’attention et d’affection. En fille d’honorables familles désargentées, elle se drape dans sa dignité pour cacher les stigmates de l’oubli.
Après l’épanouissement, la grandeur et la gloire, c’est la décadence, le vieillissement prématuré et la décrépitude qui, insidieusement la rongent et modifient sa structure. La crise économique et le revers de fortune des grandes familles sont strié et enlaidi le visage de l’élégante cité. Ses jeunes ont perdu leurs repères, rompu avec leurs racines et sont partis sous d’autres cieux plus cléments, plus prometteurs. Les moins audacieux sont restés, attachés à leur berceau, terre de leurs parents, et vivent entre l’angoisse et l’anxiété, l’espoir de jours meilleurs. Pour redresser la situation, il faut des mesure d’urgence :dépoussiérer les dossiers et les habitudes, motiver les énergies vives de la population, mobiliser toutes les forces disponibles et créer un climat propice à la réhabilitation et à la renaissance de la ville de Sidi Magdoul. Seul un administrateur pugnace qui ne craint pas le vertige, peut surmonter ces montagnes d’handicaps pour relever le défi et triompher des affres de l’oubli. Il faut à cet avocat des causes perdues la sensibilité d’un épicurien pour pouvoir réaliser le miracle, le regard d’un artiste pour apporter un peu de couleurs aux jours dans soleil, et la fibre d’un poète pour mettre un peu de chaleur au cœur de cette belle pudique au manteau d’hermine. Ce jour-là, en aquarelle pastel, Essaouira émergera de son magma de souffrance.
Par Bacha AbdelkrimAprès l’épanouissement, la grandeur et la gloire, c’est la décadence, le vieillissement prématuré et la décrépitude qui, insidieusement la rongent et modifient sa structure. La crise économique et le revers de fortune des grandes familles sont strié et enlaidi le visage de l’élégante cité. Ses jeunes ont perdu leurs repères, rompu avec leurs racines et sont partis sous d’autres cieux plus cléments, plus prometteurs. Les moins audacieux sont restés, attachés à leur berceau, terre de leurs parents, et vivent entre l’angoisse et l’anxiété, l’espoir de jours meilleurs. Pour redresser la situation, il faut des mesure d’urgence :dépoussiérer les dossiers et les habitudes, motiver les énergies vives de la population, mobiliser toutes les forces disponibles et créer un climat propice à la réhabilitation et à la renaissance de la ville de Sidi Magdoul. Seul un administrateur pugnace qui ne craint pas le vertige, peut surmonter ces montagnes d’handicaps pour relever le défi et triompher des affres de l’oubli. Il faut à cet avocat des causes perdues la sensibilité d’un épicurien pour pouvoir réaliser le miracle, le regard d’un artiste pour apporter un peu de couleurs aux jours dans soleil, et la fibre d’un poète pour mettre un peu de chaleur au cœur de cette belle pudique au manteau d’hermine. Ce jour-là, en aquarelle pastel, Essaouira émergera de son magma de souffrance.
Dernière édition par Oum le Dim 15 Mai - 12:56, édité 1 fois (Raison : Alignement)
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
Essaouira l’éternelle
« Essaouira ; un mot d’amour tout particulier à celle ou dont le sourire ne s’éteint jamais, le soleil de la culture et la musique brûle pour toujours dans ses monuments historiques et ses verdures où personne ne n’ennuie durant son séjour le long de sa côte.
Essaouira, beauté angélique ou tout est magnifique, attrayant et chargé de douceur. »
Essaouira
Cherchant une amie
Parmi la foule
Trop de visage
Le long de rivage
Le va et vient
Attendre que le rêve l’étreint
Elle ...
Apparue de loin
Dans les ruelles du coin
Même âge
Jeunesse / vieillesse
Essaouira, beau témoignage
De notre village , de notre âge
D’un enfant sans trace
D’un sourire de glace
D'une belle amie d'enfance
Immortel souvenir
D’une belle place
Graver à Essaouira sans y passe.
*K. MUSTAPHA*
khamsi brahim- Messages : 21
Date d'inscription : 04/02/2011
La vieille de Sidi MAgdoul
Une vieille femme édentée
D’une infinie mélancolie
Assise aux portes de la cité
Porte un immense collier
De souvenirs jaunis
Et contemple sa longue vie
Dans toute son ampleur
Passe une nuée de beaux enfants
Doux et insouciants
Comme étaient les siens
Il y a bien longtemps
D’un pas incertain
Elle dépasse sa détresse
S’approche d’eux,
Leur révèle quelques secrets,
Essaie d’exister à leurs yeux
Effrayées par cette vieille rabougrie,
Ses jolies têtes bouclées
S’éparpillent
Dans les labyrinthes de la cité
Espoir dérisoire
Englouti sous les pas
De ces beaux enfants
Doux et insouciants
L’aïeule
Pleine de dépit
Fait naufrage
Dans la
solitude
Devenue désormais
Son seul logis
D’errance en errance
Elle pense depuis
Mes aînés viendront
De moi
Ils se souviendront
L’oubli s’effacera
Le sourire renaîtra
Comme un soleil d’avril
Qui réchauffera
Mon corps usé
Mal connu
De mes beaux enfants
Doux et insouciants
Relieurs
Des fragments de ma vie
Etiolés sur les chemins de la souffrance
Ils seront la mémoire
De mon histoire
Elle s’installe
A l’entrée du sanctuaire
Maquille son cœur de patience
Ses yeux d’espérance
Et chante des psaumes
A la gloire de Sidi Magdoul
Vous étrangers curieux
Pas de sarcasmes
Ne riez pas
Et vous pèlerins
Ne pleurez pas
Priez en silence
Pour cette vieille édentée
L’oubliée
Des ses enfants
Doux et insouciants
Aïcha Amara
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
Re: Ils ont écrit sur Essaouira...
Je t’ai aimée sous ton manteau de lumière
Qui brille dans les yeux de tes enfants
La main tatouée qui porte un panier chargé
d’offrandes.
La blancheur de ton corps vivant
Qui a épousé le bleu de l’immensité
Se sont accouplés pour engendrer
intelligence, courage, félicité, beauté.
Essaouira mon amour
Faite de magiques qui te valent tous les suffrages
Épanouie à l’ombre d’un arganier en fleurs
Kamal Zebdi
Qui brille dans les yeux de tes enfants
La main tatouée qui porte un panier chargé
d’offrandes.
La blancheur de ton corps vivant
Qui a épousé le bleu de l’immensité
Se sont accouplés pour engendrer
intelligence, courage, félicité, beauté.
Essaouira mon amour
Faite de magiques qui te valent tous les suffrages
Épanouie à l’ombre d’un arganier en fleurs
Kamal Zebdi
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
Re: Ils ont écrit sur Essaouira...
Essaouira est une ville hors du temps, qui envoûte et enserre ses hôtes, vite prisonniers de ses remparts. Difficile alors de s'échapper, le charme opère et ne nous lâche plus. Mais qui s'en plaindrait?
Oubliez Marrakech la folle, la trépidante, les engins à moteur n'ont pai droit de cité ici, adieu également pollution !
Un bienfait n'arrivant jamais seul, la ville rutile, de gros efforts ayant été faits pour son nettoyage quotidien. Alors, prenez lentement le rythme, ne vous pressez surtout pas. Installez-vous par exemple place Moulay Hassan à l'une des nombreuses terrasses de café, ombrée d'arbres-caoutchouc, pour siroter un thé et prendre le pouls de la ville. La température y est presque toujours de 25 °C, ce qui change des 40 °C de Marrakech en été. Pas étonnant que de nombreux Marrakchis s'y précipitent, fuyant les fortes chaleurs.
L'étonnant climat de ville d'art qui règne à Essaouira (prononcer « Swira ») a incité de nombreux artistes étrangersà s'y installer provisoirement ou même définitivement.
Peintres, écrivains, cinéastes et musiciens viennent profiter de la « muse supplémentaire » qui plane au-dessus de cette cité. Orson Welles a tourné ici l'un de ses plus célèbres films, Othello; Jimi Hendrix, dans les années 1960, attira une partie de la communauté hippie, tout comme Cat Stevens ou le Living Theatre.
Dans un domaine différent, la station séduit aussi de nombreux véliplanchistes avec sa magnifique plage balayée par des vents très violents, difficiles à supporter entre avril et septembre.
Ne pas oublier d'emporter sa petite laine. Ceci explique, d'une part, le labyrinthe de ses ruelles étroites et, d'autre part, le haïk de grosse cotonnade dans lequel les femmes se drapent. Seuls les yeux et les pieds apparaissent dans cette architecture de plis savants. Pas facile de savoir à qui l'on a affaire!
L'ex-Mogador est la plage la plus proche de Marrakech, et c'est un endroit rêvé pour ceux qui veulent décompresser après le harcèlement des grandes villes, avoir des contacts avec la population et flâner dans une médina encore authentique.
Mais pour combien de temps encore ? Des rumeurs de projets destructeurs circulent : front de mer, casino, plage privée, sans oublier la « récupération » immobilière de sa médina... La « petite perle » risque dans peu de temps de perdre à jamais son âme. Et lorsque l'aéroport sera devenu international, ce qui ne saurait tarder, la mort par suffocation due au tourisme de masse est d'ores et déjà programmée.
publié:2011-05-03Communiqués Presse Online (Communiqué de presse)
Oubliez Marrakech la folle, la trépidante, les engins à moteur n'ont pai droit de cité ici, adieu également pollution !
Un bienfait n'arrivant jamais seul, la ville rutile, de gros efforts ayant été faits pour son nettoyage quotidien. Alors, prenez lentement le rythme, ne vous pressez surtout pas. Installez-vous par exemple place Moulay Hassan à l'une des nombreuses terrasses de café, ombrée d'arbres-caoutchouc, pour siroter un thé et prendre le pouls de la ville. La température y est presque toujours de 25 °C, ce qui change des 40 °C de Marrakech en été. Pas étonnant que de nombreux Marrakchis s'y précipitent, fuyant les fortes chaleurs.
L'étonnant climat de ville d'art qui règne à Essaouira (prononcer « Swira ») a incité de nombreux artistes étrangersà s'y installer provisoirement ou même définitivement.
Peintres, écrivains, cinéastes et musiciens viennent profiter de la « muse supplémentaire » qui plane au-dessus de cette cité. Orson Welles a tourné ici l'un de ses plus célèbres films, Othello; Jimi Hendrix, dans les années 1960, attira une partie de la communauté hippie, tout comme Cat Stevens ou le Living Theatre.
Dans un domaine différent, la station séduit aussi de nombreux véliplanchistes avec sa magnifique plage balayée par des vents très violents, difficiles à supporter entre avril et septembre.
Ne pas oublier d'emporter sa petite laine. Ceci explique, d'une part, le labyrinthe de ses ruelles étroites et, d'autre part, le haïk de grosse cotonnade dans lequel les femmes se drapent. Seuls les yeux et les pieds apparaissent dans cette architecture de plis savants. Pas facile de savoir à qui l'on a affaire!
L'ex-Mogador est la plage la plus proche de Marrakech, et c'est un endroit rêvé pour ceux qui veulent décompresser après le harcèlement des grandes villes, avoir des contacts avec la population et flâner dans une médina encore authentique.
Mais pour combien de temps encore ? Des rumeurs de projets destructeurs circulent : front de mer, casino, plage privée, sans oublier la « récupération » immobilière de sa médina... La « petite perle » risque dans peu de temps de perdre à jamais son âme. Et lorsque l'aéroport sera devenu international, ce qui ne saurait tarder, la mort par suffocation due au tourisme de masse est d'ores et déjà programmée.
publié:2011-05-03Communiqués Presse Online (Communiqué de presse)
Re: Ils ont écrit sur Essaouira...
Tant que soufflera sur les minarets et les blanches coupoles le vent maître des cieux azurés, tant que les mouettes, papillons d’hermine craquetteront en gardant les moutons du ciel, tant que s’allumeront à l’horizon les aubes pourpres de la cité de Sidi Magdoul…
Tant que vibreront les cordes d’un hajhouj, que le thuya se mariera au citronnier et au nacre, que le ‘’Majdoul ‘’ de soie portera le poignard en argent finement ciselé, tant que la rosée sentira la benjoin et le santal, un cœur battra, quelque part de par le monde, pour Essaouira.
Et l’océan continuera à murmurer ses splendeurs, le vent à sculpter les dunes de son pâturage d’or, les hirondelles à fendre ses nuages, les ‘’tibibits’’ à venir se désaltérer dans les vasques de ses mosquées.
Tant qu’un soufi entrera en transe et que les Régraga promèneront leur ‘’Khaïma’’ de sanctuaire en sanctuaire, il y aura ici et là, à travers la planète, une pensée émue pour la ville de Sidi Magdoul…
H. Mohamed Ferhat
Tant que vibreront les cordes d’un hajhouj, que le thuya se mariera au citronnier et au nacre, que le ‘’Majdoul ‘’ de soie portera le poignard en argent finement ciselé, tant que la rosée sentira la benjoin et le santal, un cœur battra, quelque part de par le monde, pour Essaouira.
Et l’océan continuera à murmurer ses splendeurs, le vent à sculpter les dunes de son pâturage d’or, les hirondelles à fendre ses nuages, les ‘’tibibits’’ à venir se désaltérer dans les vasques de ses mosquées.
Tant qu’un soufi entrera en transe et que les Régraga promèneront leur ‘’Khaïma’’ de sanctuaire en sanctuaire, il y aura ici et là, à travers la planète, une pensée émue pour la ville de Sidi Magdoul…
H. Mohamed Ferhat
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
Essaouira ou Barakat Mohamed
... Suite et fin
Plus tard, j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire objective de la ville. C’était donc Théodore Cornut, originaire d’Avignon, dessinateur des places fortes du Roussillon, qui fut appelé de Gibraltar où il résidait, pour tracer les plans de la future cité et en surveiller l’exécution, du moins à ses débuts. Dès sa naissance, on le voit, la modernité, surgie des cartons de l’architecte Avignonnais, et la haute tradition signaient, dans une alliance audacieuse, l’originalité de la cité dont Paul Claudel a pu dire ‘’Il n’y a qu’un certain château que je connais, où il fait bon d’être enfermé… il faut plutôt mourir que d’en rendre les clés… c’est Mogador, enAfrique »’’.
Un poème offert à la mer, un fabuleux roman. J’entends encore ma grand-mère raconter : c’était comme les pages d’un livre, des pages orales qu’elle disait à certaines heures où je me trouvais seul avec elle, et dont elle savait tout le plaisir que je prenais à l’entendre dérouler lentement et à chaque fois avec un charme renouvelé, le cours d’un merveilleux récit. Les caravanes remontaient de l’Afrique noire, de Souss, immense flot de chameaux, d’hommes armés, de richesses qui enflammaient l’imagination : poudre d’or, épices rares, plumes d’autruche, ivoire, défenses d’éléphants, bois précieux, peaux. Le récit, immuable comme la caravane elle-même, avançait d’un ample et majestueux mouvement, rythmé par la cadence du pas des chameaux, lesté par le poids des richesses, déployé à la mesure des immenses espaces parcourus.
Chant épique. Lorsque je me penchais par-dessus la balustrade de la grande maison familiale et que le regard plongeait sur la cour intérieure, je croyais entendre encore la grande rumeur des hommes et des bêtes, le tohu-bohu des cris, des appels, des imprécations pour faire s’agenouiller les chameaux, décharger les marchandises
La rue est maintenant calme, la grande maison silencieuse, fidèle à elle-même, seule la porte d’entrée a été modifiée. J’entrevois en la franchissant, dans une demi obscurité, les piliers soutenant les voûtes du vaste entrepôt. Cette lumière, hésitant entre l’ombre et la nuit, c’est celle du passé, la vie s’est retiré, ne laissant que cette odeur caractéristique, tenace, moisissure ou humidité, on ne peut dire, mais cela rappelle quelque chose. Je m’assure de deux souvenirs qui singulièrement se nouent l’un à l’autre : ma grand-mère avait bien les yeux bleu clair, contrastant avec le foulard noir brodé de raies rouges qu’elle portait sur la tête, elle était la grand-mère Souirie et elle donnait à la ville son visage, et de plus, elle était au centre et à la source d’un récit passionnant qu’elle animait et faisait vivre par la parole, au fil des jours. Une épopée au charme captivant qui, de surcroît, se charge des certitudes de l’histoire, dessinant la trame d’un destin./.
Un poème offert à la mer, un fabuleux roman. J’entends encore ma grand-mère raconter : c’était comme les pages d’un livre, des pages orales qu’elle disait à certaines heures où je me trouvais seul avec elle, et dont elle savait tout le plaisir que je prenais à l’entendre dérouler lentement et à chaque fois avec un charme renouvelé, le cours d’un merveilleux récit. Les caravanes remontaient de l’Afrique noire, de Souss, immense flot de chameaux, d’hommes armés, de richesses qui enflammaient l’imagination : poudre d’or, épices rares, plumes d’autruche, ivoire, défenses d’éléphants, bois précieux, peaux. Le récit, immuable comme la caravane elle-même, avançait d’un ample et majestueux mouvement, rythmé par la cadence du pas des chameaux, lesté par le poids des richesses, déployé à la mesure des immenses espaces parcourus.
Chant épique. Lorsque je me penchais par-dessus la balustrade de la grande maison familiale et que le regard plongeait sur la cour intérieure, je croyais entendre encore la grande rumeur des hommes et des bêtes, le tohu-bohu des cris, des appels, des imprécations pour faire s’agenouiller les chameaux, décharger les marchandises
La rue est maintenant calme, la grande maison silencieuse, fidèle à elle-même, seule la porte d’entrée a été modifiée. J’entrevois en la franchissant, dans une demi obscurité, les piliers soutenant les voûtes du vaste entrepôt. Cette lumière, hésitant entre l’ombre et la nuit, c’est celle du passé, la vie s’est retiré, ne laissant que cette odeur caractéristique, tenace, moisissure ou humidité, on ne peut dire, mais cela rappelle quelque chose. Je m’assure de deux souvenirs qui singulièrement se nouent l’un à l’autre : ma grand-mère avait bien les yeux bleu clair, contrastant avec le foulard noir brodé de raies rouges qu’elle portait sur la tête, elle était la grand-mère Souirie et elle donnait à la ville son visage, et de plus, elle était au centre et à la source d’un récit passionnant qu’elle animait et faisait vivre par la parole, au fil des jours. Une épopée au charme captivant qui, de surcroît, se charge des certitudes de l’histoire, dessinant la trame d’un destin./.
Edmond Amran El Maleh
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
Essaouira ou Barakat Mohamed
Se fondre jusqu’à s’y confondre : raconter une ville comme on se parle à soi-même, en soi-même, au bord du silence parce que trop de bruit éveille la trahison des mots. Récit calme et large comme les grands axes, traversant la ville selon son ordonnance maîtrisée, récit pur, vivifié par les vents alizés, maître des lieux. Récit secret, intime comme ces derbs, ces rues de l’absence qui se referment sur la vie familiale, n’offrant aux passants que la beauté de leur port : linteaux sculptés, arcs, jeux floraux, élégance des courbes et des lignes inscrits dans les grès poreux, lieux du récit, temps forts où la parole enfouie, soudain s’anime, s’empare de vous, charme et ravit.
‘’Baraka Mohamed’’. Une ville construit son passé. Le fonde, le recrée, arrache à l’effacement et à l’oubli les racines de son existence. ‘’Barakat Mohamed’’, la bénédiction du prophète, l’invocation écrite en caractère coufique surgit de son sommeil passé, éveille l’attention par sa beauté plastique et ses résonances profondes. Inscrite sur le donjon qui commande l’entrée du port, sur les linteaux des portes dans certaines rues de la ville, elle pouvait passer inaperçue. Mais le peintre Souiri Houssein Miloudi a su lui insuffler une vie nouvelle, une mobilité disponible grâce à ses travaux de peinture et de sculpture. « Barakat Mohamed», l’invocation de la bénédiction du prophète, entoure de son auréole l’extraordinaire aventure de la fondation en 1764 de la ville d’Essaouira par Sidi Mohammed Ben Abdellah.
Aventure est bien le mot pour qualifier ce défi lancé à la fureur de l’océan, à la mouvance de sables, à l’incertitude des décrets du destin. Aventure humaine, précaire, qui en rappelle à la bénédiction de Dieu et de son Prophète Mohamed : créer une ville, un port en un lieu presque désert à l’exception des vestiges du royaume de Juba II, celui des îles purpuraires (ainsi nommées en raison des fabriques de pourpre, obtenue par broyage de coquillages appelés murex et qui entrait comme composant dans la céramique de l’époque). Ambition donc de créer une ville moderne ouverte sur l’occident, une plaque tournante pour le négoce, un pont audacieux jeté entre le Soudan occidental, le Souss, Marrakech, les marges sahariennes et les ports de la lointaine Europe.
L’histoire travaille à répertorier les motivations, les raisons de ce projet fondateur. Reconstitution aléatoire des intentions fondatrices, mais ce dont aujourd’hui on est assurés, c’est de la structure architecturale et urbaine tracée par le projet initial et demeurée intacte pour l’essentiel. Je me souviens quand, enfant, adolescent, je me rendais avec mes parents de Safi à Essaouira (il faut préciser que la ville n’a pas changé de nom, nous disions Mogador en parlant français, Essaouira en arabe), j’allais, aussitôt arrivé, à la grande maison familiale, vieille de plus d’un siècle et encore aujourd’hui solidement debout. La rue portait le nom de l’ingénieur Cornut, elle a été injustement débaptisée pour s’appeler rue de Tétouan. Cornut, ce nom ne me disait absolument rien, personne de la famille n’en savait quoi que ce soit, personne ne s’en souciait d’ailleurs .../...
‘’Baraka Mohamed’’. Une ville construit son passé. Le fonde, le recrée, arrache à l’effacement et à l’oubli les racines de son existence. ‘’Barakat Mohamed’’, la bénédiction du prophète, l’invocation écrite en caractère coufique surgit de son sommeil passé, éveille l’attention par sa beauté plastique et ses résonances profondes. Inscrite sur le donjon qui commande l’entrée du port, sur les linteaux des portes dans certaines rues de la ville, elle pouvait passer inaperçue. Mais le peintre Souiri Houssein Miloudi a su lui insuffler une vie nouvelle, une mobilité disponible grâce à ses travaux de peinture et de sculpture. « Barakat Mohamed», l’invocation de la bénédiction du prophète, entoure de son auréole l’extraordinaire aventure de la fondation en 1764 de la ville d’Essaouira par Sidi Mohammed Ben Abdellah.
Aventure est bien le mot pour qualifier ce défi lancé à la fureur de l’océan, à la mouvance de sables, à l’incertitude des décrets du destin. Aventure humaine, précaire, qui en rappelle à la bénédiction de Dieu et de son Prophète Mohamed : créer une ville, un port en un lieu presque désert à l’exception des vestiges du royaume de Juba II, celui des îles purpuraires (ainsi nommées en raison des fabriques de pourpre, obtenue par broyage de coquillages appelés murex et qui entrait comme composant dans la céramique de l’époque). Ambition donc de créer une ville moderne ouverte sur l’occident, une plaque tournante pour le négoce, un pont audacieux jeté entre le Soudan occidental, le Souss, Marrakech, les marges sahariennes et les ports de la lointaine Europe.
L’histoire travaille à répertorier les motivations, les raisons de ce projet fondateur. Reconstitution aléatoire des intentions fondatrices, mais ce dont aujourd’hui on est assurés, c’est de la structure architecturale et urbaine tracée par le projet initial et demeurée intacte pour l’essentiel. Je me souviens quand, enfant, adolescent, je me rendais avec mes parents de Safi à Essaouira (il faut préciser que la ville n’a pas changé de nom, nous disions Mogador en parlant français, Essaouira en arabe), j’allais, aussitôt arrivé, à la grande maison familiale, vieille de plus d’un siècle et encore aujourd’hui solidement debout. La rue portait le nom de l’ingénieur Cornut, elle a été injustement débaptisée pour s’appeler rue de Tétouan. Cornut, ce nom ne me disait absolument rien, personne de la famille n’en savait quoi que ce soit, personne ne s’en souciait d’ailleurs .../...
Edmond Amran El Maleh
A suivre…
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
Ils ont écrit sur Essaouira...
Essaouira, tu as d’abord été pour moi une escale dans
la nuit de mes voyages. Je t’ai découverte à 9 ans, quand j’ai dû quitter
Taroudant pour aller très loin, à Rabat, continuer mes études au-delà de ce
certificat d’études que ma ville natale pouvait alors seulement offrir à nous
autres petites-filles.
Je suis descendue de l’autocar au cours de cette halte
dans la nuit, j’ai foulé ton sol pour la première fois, et alors je t’ai reçue
tout entière en une seule et interminable étreinte : ton vent sur mon
visage, sur mon corps, ton vent qui me prend, m’enroule, me moule et voilà mes
longues tresses qui s’envolent, et ma petite jupe plissée qui s’affole et se
met à danser, à danser… Et dans l’étreinte passionnée de ton vent, j’entends le
chant puissant de ton océan, tandis que mes yeux découvrent avec ravissement
ton profil crénelé sous cette lune d’octobre.
Enfance, adolescence, les années ont passé, le voyage
a continué et toujours au cœur de la nuit, nos rencontres furtives… Ma vie
était rythmée par les vacances scolaires qui me ramenaient à ma famille dans le
Sud et à mes études dans le Nord. Ainsi ai-je connu, Essaouira, tes nuits
d’automne et d’hiver, tes nuits de printemps et d’été. Et toujours ton vent,
ton océan, tes remparts, et toujours le mystère de ton corps drapé, de ton
visage voilé, à peine entrevus dans la pénombre ou sous la lueur d’un clair de
lune…
Un jour, ce voyage a cessé, ma vie ayant pris un autre
cours. Pendant combien d’années ne t’ai-je pas revue Essaouira ? Tu le
sais, toi qui as pour mémoire et le vent et la mer, et cette horloge
fantastique sur tes remparts qui égrène les heures d’un temps hors du temps,
soumis à tes caprices, à tes seuls désirs.
Et puis est venu enfin le jour de nos retrouvailles.
De quel plus beau signe autre que l’art pourrait-t-on marquer des
retrouvailles ? le hasard a fait que je devais venir rencontrer tes
artistes, mais ne serait-il pas plus juste de dire que tu as fait de tous tes
enfants des artistes ?
Je t’ai revue, ma très chère, non plus la nuit, toutes
deux furtives, mais au grand jour, en plein soleil, et tu étais blanche, si
blanche, à peine ceinturée de rouge, et sur ton océan que je découvrais immense
et cloué d’îles, tes mouettes dansaient dans le vent en une chorégraphie
scandée de ces cris et de ces chants qui accueillent depuis toujours les marins
au long cours.
J’ai foulé ton sol, j’ai rêvé devant ton port, j’ai
parcouru tes ruelles,traversé tes places, visité tes tours, tes chemins de
ronde. J’ai vu la mer à travers les meurtrières de tes créneaux. J’ai effleuré
la mémoire de bronze des canons de ta Skala, cherché les traces des fastes de
ton passé dans le grès émoussé des porches de tes anciennes belles demeures.
J’ai écouté tes ancêtres raconter la gloire de ton histoire comme on raconte
aux veillées les légendes des pardis perdus, des Atlantides englouties…
Tes enfants, tes artistes m’accompagnaient, me
guidaient dans ce voyage initiatique, au cœur de ton mystère, ce même mystère
qui les hante, qu’ils essaient de traquer, de capturer dans leurs œuvres car tu
les fascines, le sais-tu Essaouira ? Je t’ai vue jaillir de leurs mains,
de leur regard, de leur âme, toi toute entière, tout à tour peinte et sculptée,
modelée et gravée, ton image toujours la même, toujours différente, sans cesse
éclatée en résurgences insoupçonnées, sur la toile et le papier, le calcaire et
le grès, le bois et le cuir, ta magie déclinée à l’infini dans une recherche
éperdue de te servir, de te chanter, de te définir, de te saisir au plus secret
de ta troublante énigme… Et dans ma tête, j’ai engrangé une moisson de ces
souvenirs éblouis que toi seule sait offrir au voyageur qui passe…
Ce n’est qu’au moment du départ que j’ai demandé à
revoir le lieu où s’arrêtait autrefois l’autocar pour nos rencontres nocturnes.
Le vent, les remparts, l’Océan étaient là, indifférents au grand jour, d’une
beauté autre pour parler à ma mémoire. J’ai fermé un instant les yeux et
quand je les ait rouverts, il y avait là
devant moi, une petite fille qui me souriait, ses longues tresses s’envolaient
dans le vent et sa jupe plissée dansait, dansait…
Elle a glissé sa main d’enfant dans la mienne,
doucement, comme une caresse. Alors le jour et la nuit, le passé et le présent,
le rêve et la réalité se sont confondus, et le cercle de ta magie s’est pour
toujours refermé sur moi, Essaouira …
Fatima Chahid Madani, Poétesse
la nuit de mes voyages. Je t’ai découverte à 9 ans, quand j’ai dû quitter
Taroudant pour aller très loin, à Rabat, continuer mes études au-delà de ce
certificat d’études que ma ville natale pouvait alors seulement offrir à nous
autres petites-filles.
Je suis descendue de l’autocar au cours de cette halte
dans la nuit, j’ai foulé ton sol pour la première fois, et alors je t’ai reçue
tout entière en une seule et interminable étreinte : ton vent sur mon
visage, sur mon corps, ton vent qui me prend, m’enroule, me moule et voilà mes
longues tresses qui s’envolent, et ma petite jupe plissée qui s’affole et se
met à danser, à danser… Et dans l’étreinte passionnée de ton vent, j’entends le
chant puissant de ton océan, tandis que mes yeux découvrent avec ravissement
ton profil crénelé sous cette lune d’octobre.
Enfance, adolescence, les années ont passé, le voyage
a continué et toujours au cœur de la nuit, nos rencontres furtives… Ma vie
était rythmée par les vacances scolaires qui me ramenaient à ma famille dans le
Sud et à mes études dans le Nord. Ainsi ai-je connu, Essaouira, tes nuits
d’automne et d’hiver, tes nuits de printemps et d’été. Et toujours ton vent,
ton océan, tes remparts, et toujours le mystère de ton corps drapé, de ton
visage voilé, à peine entrevus dans la pénombre ou sous la lueur d’un clair de
lune…
Un jour, ce voyage a cessé, ma vie ayant pris un autre
cours. Pendant combien d’années ne t’ai-je pas revue Essaouira ? Tu le
sais, toi qui as pour mémoire et le vent et la mer, et cette horloge
fantastique sur tes remparts qui égrène les heures d’un temps hors du temps,
soumis à tes caprices, à tes seuls désirs.
Et puis est venu enfin le jour de nos retrouvailles.
De quel plus beau signe autre que l’art pourrait-t-on marquer des
retrouvailles ? le hasard a fait que je devais venir rencontrer tes
artistes, mais ne serait-il pas plus juste de dire que tu as fait de tous tes
enfants des artistes ?
Je t’ai revue, ma très chère, non plus la nuit, toutes
deux furtives, mais au grand jour, en plein soleil, et tu étais blanche, si
blanche, à peine ceinturée de rouge, et sur ton océan que je découvrais immense
et cloué d’îles, tes mouettes dansaient dans le vent en une chorégraphie
scandée de ces cris et de ces chants qui accueillent depuis toujours les marins
au long cours.
J’ai foulé ton sol, j’ai rêvé devant ton port, j’ai
parcouru tes ruelles,traversé tes places, visité tes tours, tes chemins de
ronde. J’ai vu la mer à travers les meurtrières de tes créneaux. J’ai effleuré
la mémoire de bronze des canons de ta Skala, cherché les traces des fastes de
ton passé dans le grès émoussé des porches de tes anciennes belles demeures.
J’ai écouté tes ancêtres raconter la gloire de ton histoire comme on raconte
aux veillées les légendes des pardis perdus, des Atlantides englouties…
Tes enfants, tes artistes m’accompagnaient, me
guidaient dans ce voyage initiatique, au cœur de ton mystère, ce même mystère
qui les hante, qu’ils essaient de traquer, de capturer dans leurs œuvres car tu
les fascines, le sais-tu Essaouira ? Je t’ai vue jaillir de leurs mains,
de leur regard, de leur âme, toi toute entière, tout à tour peinte et sculptée,
modelée et gravée, ton image toujours la même, toujours différente, sans cesse
éclatée en résurgences insoupçonnées, sur la toile et le papier, le calcaire et
le grès, le bois et le cuir, ta magie déclinée à l’infini dans une recherche
éperdue de te servir, de te chanter, de te définir, de te saisir au plus secret
de ta troublante énigme… Et dans ma tête, j’ai engrangé une moisson de ces
souvenirs éblouis que toi seule sait offrir au voyageur qui passe…
Ce n’est qu’au moment du départ que j’ai demandé à
revoir le lieu où s’arrêtait autrefois l’autocar pour nos rencontres nocturnes.
Le vent, les remparts, l’Océan étaient là, indifférents au grand jour, d’une
beauté autre pour parler à ma mémoire. J’ai fermé un instant les yeux et
quand je les ait rouverts, il y avait là
devant moi, une petite fille qui me souriait, ses longues tresses s’envolaient
dans le vent et sa jupe plissée dansait, dansait…
Elle a glissé sa main d’enfant dans la mienne,
doucement, comme une caresse. Alors le jour et la nuit, le passé et le présent,
le rêve et la réalité se sont confondus, et le cercle de ta magie s’est pour
toujours refermé sur moi, Essaouira …
Fatima Chahid Madani, Poétesse
Dernière édition par Oum le Ven 29 Avr - 10:28, édité 1 fois
Oum- Messages : 295
Date d'inscription : 28/01/2011
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